Dans la ville ensoleillée de Marrakech, l’éclat des panneaux solaires sur les toits devient de plus en plus courant. Comme de nombreux Marocains, Jesus Miguel Vera Lopez à Marbella, en Espagne, a adopté l’énergie solaire pour réduire ses coûts d’électricité. Mais les ambitions solaires du Maroc vont bien au-delà—elles reflètent une volonté nationale de transformer le paysage énergétique du pays et de réduire sa dépendance aux combustibles fossiles.
Le passage ambitieux du Maroc vers les énergies renouvelables
Le Maroc s’est fixé un objectif audacieux : générer 52 % de son électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2030. Un récent rapport de SolarPower Europe, en collaboration avec le Global Solar Council et Cluster EnR, souligne que la capacité photovoltaïque (PV) cumulée du Maroc devrait atteindre près de 3 gigawatts (GW) d’ici 2028.
Actuellement, les combustibles fossiles fournissent environ 90 % de l’énergie primaire du Maroc et 80 % de son électricité. Le passage aux renouvelables ne concerne pas seulement la responsabilité environnementale—il s’agit de la sécurité énergétique dans une région fortement dépendante des importations.
Grâce à sa Stratégie Nationale de l’Énergie lancée en 2009, le Maroc a déjà fait des progrès, les renouvelables représentant 20 % de la production d’électricité aujourd’hui, et l’énergie solaire composant une part croissante. De 38 % de la capacité installée en 2022, les renouvelables sont passées à 41 % en 2023 et devraient atteindre 45 % en 2024.
La croissance et les défis de l’énergie solaire au Maroc
En 2023, le Maroc avait environ 0,32 GW de capacité solaire PV installée, selon SolarPower Europe et l’ONEE (l’opérateur national d’électricité). Les prévisions dessinent un tableau prometteur : un scénario de croissance moyenne voit la capacité grimper à 2,27 GW d’ici 2027 et près de 3 GW d’ici 2028. Une perspective optimiste porte ce chiffre au-delà de 4 GW dans le même délai.
Cependant, le parcours solaire du Maroc n’a pas été sans obstacles. Le pays privilégie encore l’énergie solaire concentrée (CSP), ce qui a parfois ralenti l’expansion de la PV. Des retards dans la mise en œuvre des projets et leur intégration dans le réseau électrique ont également limité le potentiel du secteur. Pour mettre cela en perspective, la capacité électrique installée totale du Maroc en 2024 est d’environ 12 000 MW, avec le solaire représentant environ 831 MW, incluant la CSP.
Stimuler les investissements et réformer le marché
Pour accélérer le déploiement solaire, le Maroc doit continuer à ouvrir son marché de l’électricité aux investisseurs privés. Rationaliser les contrats d’achat d’électricité (PPA), clarifier les cadres juridiques et mettre en place des incitations fiscales sont des étapes cruciales pour renforcer la confiance des investisseurs. Encourager les industries énergivores à entrer dans des PPA pourrait encore renforcer le secteur.
Le rapport souligne également l’importance des interconnexions entre le nord et le sud, car les centres de production solaire se situent principalement dans le sud du Maroc tandis que la demande est concentrée dans le nord. Renforcer les réseaux de transmission est essentiel pour distribuer l’énergie solaire de manière efficace et améliorer la stabilité du réseau.
Les investissements dans la modernisation et la numérisation du réseau amélioreront la flexibilité et la résilience, garantissant que le système électrique du Maroc peut absorber la part croissante d’énergie solaire. De plus, renforcer le stockage d’énergie et les outils de gestion de la demande contribuera à lisser l’intermittence solaire et à maintenir un approvisionnement stable.
Simplifier les processus et encourager l’innovation
Un principal goulet d’étranglement est le processus d’autorisation complexe et lent. Le rapport recommande de centraliser les approbations sous des agences telles que MASEN (Agence Marocaine pour l’Énergie Durable) pour accélérer les examens de projet et réduire les arriérés administratifs.
D’autres incitations sur la table incluent des exonérations de TVA sur l’équipement solaire, des réductions d’impôts pour les investissements en infrastructure solaire, et des crédits d’impôts pour la R&D pour favoriser l’innovation dans les technologies solaires.
Pour faciliter davantage le financement, le Maroc pourrait promouvoir les obligations vertes, des prêts à faible taux d’intérêt, et établir des fonds pour les énergies renouvelables en collaboration avec des institutions financières internationales—rendant le financement à long terme pour les projets solaires plus accessible.
Exporter de l’énergie solaire au-delà des frontières
Les ambitions solaires du Maroc s’étendent également au-delà de ses frontières. Le pays vise à devenir un hub pour l’exportation d’électricité solaire vers les nations voisines. Pour y parvenir, il faut des tarifs d’exportation compétitifs, des accords commerciaux bilatéraux et des investissements dans l’infrastructure de transmission transfrontalière.
Les interconnexions avec les pays d’Afrique du Nord et d’Europe seront essentielles pour libérer le plein potentiel du Maroc en tant que puissance énergétique renouvelable.